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Aristote et le vivre-ensemble

(…) Est aussi fauteur de séditions l’absence de communauté ethnique tant que les citoyens n’en sont pas arrivés à respirer un même souffle. Car de même qu’une cité ne se forme pas à partir d’une masse de gens pris au hasard, de même ne se forme-t-elle pas dans n’importe quel espace-temps. C’est pourquoi parmi ceux qui ont, jusqu’à présent, accepté des étrangers pour fonder une cité avec eux ou pour les agréger à la cité, la plupart ont connu des séditions.

Ainsi des Achéens fondèrent Sybaris avec des Trézéniens, puis les Achéens devenus majoritaires chassèrent les Trézéniens, d’où la souillure qui échut aux Sybarites. Et à Thourioi, des sybarites entrèrent en conflit avec ceux qui avaient fondé cette cité en même temps qu’eux, parce qu’ils s’estimaient en droit d’avoir plus qu’eux sous prétexte que c’était leur propre pays : ils en furent chassés. À Byzance, les nouveaux arrivants, pris en flagrant délit de conspiration, furent chassés par les armes. Les gens d’Antissa chassèrent par les armes ceux qui fuyaient Chios et qu’ils avaient accueillis. Les gens de Zancle ayant accueilli des Samiens, ceux-ci les chassèrent de chez eux. Les Apolloniates du Pont-Euxin connurent des séditions après avoir introduit des étrangers chez eux. Les Syracusains, après la période des tyrans, ayant fait citoyens des étrangers, en l’occurrence des mercenaires, connurent des séditions et en vinrent aux armes. Les gens d’Amphipolis ayant accepté des colons de Chalcis, furent en grande majorité chassés par ces derniers. (Le Politique)

Aristote avait déjà tout compris. Au vingt-et-unième siècle et quelque 2300 ans plus tard, nos politiciens républicains toujours aussi sûrs d’eux-mêmes, toujours aussi condescendants pour ne pas dire méprisants à l’égard de notre passé national et des enseignements que l’on peut tirer de l’Histoire ; pour eux, on ne saurait aller que de lavant, toujours vers plus de progès ; il est donc important sinon primordial de faire « table rase du passé » ; ils n’ont toujours rien vu, rien entendu, rien compris. En 2022, nous venons de vivre une énième élection présidentielle, comme d’habitude gâtée de discours ronflants n’exprimant que l’habituel vide mental des candidats et leur refus de prendre en considération les réalités les plus urgentes auxquelles se trouve confronté la France, sinon quelques problèmes nationaux abordés ici et là et du bout des lèvres par certains. Malgré le réel qui frappe à la porte, malgré l’irruption d’événements migratoires gravissimes risquant de nous emporter collectivement dans un chaos apocalyptique, nous Français et Européens et notre civilisation séculaire, ils refusent de voir la réalité en face, là où elle est, et se replient dans un pathos reptilien qui n’a pour seul but que de sidérer l’électeur, de jouer de ses peurs et le pousser à voter là où ils ont décidé de lentraîner : vers son propre suicide collectif. Nous en sommes là et pas ailleurs. 

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