
À quoi reconnaît-on un gauchiste ?
La meilleure façon de détecter un gauchiste, c’est d’appliquer la conjonction ou loi des trois feignantises : la feignantise physique, la feignantise morale, la feignantise intellectuelle. Nous sommes sûrs de toucher à peu près juste. État psychologique général qui s’accompagne d’une sorte de peur et haine de la vie, de tout ce qui le subordonne ou l’assujettit. Déformation linguistique de la locution « fait néant », le mot feignant ou fainéant, fleure bon le vieux français : néant, vide, ce qui sonne creux ; l’expression dit bien ce qu’elle veut dire : bon à rien, sinon à détruire, briser, saccager, ravager, tout ce qui symbolise une représentation de l’effort de vivre, tout ce qui le contraint et exige un certain dépassement de soi. Il se caractérise ordinairement par une totale carence d’imagination et d’esprit d’initiative, au sens d’organisation, de prise de responsabilité ; d’où sa haine de l’autorité et de la hiérarchie. Tout ce qu’il touche ou approche, qui n’est pas à sa hauteur, qui est beau, noble, élevé, il se doit de le salir, le rabaisser, le tourner en dérision ; seul compte pour lui le rabot égalitariste, à condition qu’il tienne le rabot et ramène tout au plus petit dénominateur commun.
Cependant la vie réelle se révèle comme un cauchemar à vivre, une angoisse existentielle dirimante, avec cette caractéristique particulière qu’il n’attribue jamais cet état psychologique à lui-même, à son impuissance à être, à sa médiocrité native, mais aux autres, à la société qui refuse de le comprendre, aliène sa liberté, étouffe son ego. Car il a cette autre caractéristique individuelle, qu’il se prend facilement pour un être supérieur, état d’esprit doublé d’une susceptibilité à fleur de peau le portant facilement à l’hystérie, et de l’hystérie au mépris haineux et insultant ; ce serait faire outrage à sa délicate petite personne, à sa dignité d’être humain que d’exiger de Lui.
Sur le plan intellectuel, il a toutes les caractéristiques du cerveau binaire de celui qui trahit une parfaite inadaptation à porter sa réflexion au-delà de l’alternative blanc ou noir, une sorte de manichéisme simplificateur caractérisant la structure mentale des esprits sectaires, voire totalitaires ; le profil psychotique de ceux qui ont tendance à gouroutiser les esprits faibles et à les entraîner dans leur délire. Car évidemment, un gauchiste est nécessairement un esprit fort, ce qui lui permet d’accéder sans complexe au firmament de l’ignorance, du mensonge, de l’hypocrisie. Quoi qu’il dise, quoi qu’il fasse, il a toujours raison puisqu’il n’utilise jamais la raison qui le dépasse mentalement. Il a tous les signes distinctifs de ceux qui ont une vision plate de la vie, sans relief ni profondeur : pas de passé, pas d’avenir, pas de patrie, pas d’ancêtres envers lesquels on se sent un devoir de reconnaissance filiale : « du passé faisons table rase » ; seul le présent le retient, seul l’instant qui passe compte, formant dans son esprit une sorte de halo mental nourri de toutes les scories idéologiques lui passant par la tête, et devenant, à travers son imaginaire fantasmatique porté à l’exaltation, des vérités indépassables.
Sur le plan moral, c’est le vide abyssal, une absence totale de conscience délibérante qui ne saurait le faire douter de lui-même. Pour lui, la vie ne doit être que plaisir ramené à sa propre personne, et toute entrave empêchant sa jouissance d’être est considérée comme fasciste. Le gauchiste est l’inventeur et adepte du fameux slogan soixante-huitard « interdit d’interdire » tant qu’il n’a pas accédé au pouvoir ; mais dès qu’il a une once d’autorité publique garantie par l’État, le slogan se transforme comme par magie et devient : « il n’est pas interdit d’interdire, sauf ce que je m’autorise à des fins personnelles ». Il a cependant une phobie qui le taraude, une sorte de mal-être tendant à assombrir sa vie : il ne supporte pas le réel et abhorre de se confronter au monde des réalités qui est aussi le monde des vérités ; ce qui l’amène à vivre dans la contradiction permanente, à tourner en rond dans une vie sans issue consistant à fuir cette confrontation qui agit sur lui comme un ressort le rappelant à la réalité la plus terre à terre ; il se prétend défenseur de la nature, mais il fuit l’ordre naturel et les lois qui en découlent ; et bien entendu, il ne saurait y avoir de transcendance, ni de foi en des forces surnaturelles dépassant la nature humaine : ni Dieu ni maître va-t-il répétant ; mais s’il pouvait être à la fois Dieu et le maître avec les avantages afférents, il ne dirait pas non. En bon matérialiste athée, il banalise tout au niveau du sexe libérateur ou libératoire ; rien ne saurait contredire l’insipidité d’une vie bornée à se satisfaire d’un hédonisme moralement et physiquement débilitant, rien ne saurait entraver la jouissance d’une existence limitée au néant de son esprit stérile et contestataire.
Car il a encore cette autre caractéristique que j’ai constatée chez lui et qu’on relève dans sa manière d’être, dans ses discours : il a une mentalité d’esclave refoulé ; je veux dire la mentalité de celui qui aspire socialement à la protection de la société, à cette différence près que l’on ne doit exiger de lui aucune contrepartie. Dès la naissance, tout lui est dû, tout lui est échu ; lui refuser, c’est attenter à sa dignité d’être humain. Ce qui en fait le plus souvent un parasite social fort de se la jouer faux rebelle, tout en se cherchant des alibis de tartuffe pour se justifier de vivre aux dépens de la collectivité, en l’occurrence aux crochets de l’État providence et du contribuable.
Le gauchiste est la quintessence même du bourgeois qui se hait et se combat lui-même, subissant l’empire de cette haine de soi qui ne cesse de le tourmenter ; enfermé dans l’impasse d’une vie cumulant les frustrations en chaîne qu’il est psychologiquement impuissant à surmonter, il finit par plonger dans une univers maniaco-dépressif dont il tente en vain de résoudre les effets débilitants par la consommation surabondante de produits illicites, afin d’accéder par le truchement des paradis artificiels à ce bonheur qui lui est refusé, et qu’il s’épuise à rechercher là où il n’est pas. Il n’a pas compris que le bonheur est consubstantiel à l’effort de vivre, au potentiel d’énergie vitale propre à chaque être humain, et que cet effort de vivre, il ne le supporte décidément pas. La seule échappatoire qui peut en définitive le sauver de sa déchéance existentielle, là où tout son non-être le porte, s’appelle le suicide.
Intrinsèquement républicain, le gauchisme est toute l’histoire de la Révolution française et de ses prolongements historiques. Ne reflétant aucune réalité sociale sauf à toucher le richissime start-up boy comme le dernier des pousse-mégots, le brillant intellectuel comme le punk à chien, le milliardaire comme le cassos sans dents, il est la représentation paroxystique la plus dévastatrice d’une société en pleine décomposition, n’ayant plus de son existence que le vertige de sa propre autodestruction et l’abolition définitive de toute dignité humaine sur la planète Terre.
Mon Dieu qu’il est bon et rassurant de se sentir soutenu, quand on a derrière soi un ami qui porte le doux nom de Jésus-Christ.
